dimanche 13 janvier 2008

La station de la CIA à Bagdad depuis 2003 (2)

Au début de l’été 2003, si la situation militaire en Irak n’est pas encore grave, les premiers signes alarmants d’une dégradation progressive se font sentir. Les embuscades contre les militaires US se multiplient notamment à Bagdad et à Fallujah. De plus ces attaques ne sont plus seulement le fait d’éléments nationaux-baasistes irréductibles. De nombreuses infiltrations de jihadistes étrangers –notamment français, surveillés par le poste DST-DGSE à Damas- par la frontière syrienne sont en effet signalées.

C’est dans ce contexte menaçant qu’arrive Gerald J. MEYER, le remplaçant -pour un an- de Charlie SEIDEL à la tête de la Station de Bagdad.

Il rejoint son deuxième poste de chef après Koweït City ou, pendant un an, il a supervisé certaines des opérations de renseignement anti-irakiennes les plus pointues.

Les équipes de la CIA sur place ont déjà commencé le travail de renseignement pur et dès le 1er août Gerry MEYER est a même de présenter a BREMER un document récupéré dans les poubelles d’un bureau des Mukhabarats, la police politique de Saddam, instruisant ceux-ci d’organiser des opérations de sabotages d’embuscades, de snipers à travers l’Irak contre les forces de la coalition. C’est le premier signe d’un effort concerté en vue d’une rébellion.

De fait les pertes de la coalition ne cesse d’augmenter du fait de ces attaques quotidiennes.

18 jours plus tard c’est le quartier général de l’ONU à Bagdad qui est totalement détruit tuant 21 personnes dont le haut représentant de l’organisation sur place le brésilien Sergio VIEIRA DE MELLO.

En internationalisant le conflit les insurgés forcent la CIA à s’engager plus avant dans le conflit. La station passe en trois mois de 40 à 275 fonctionnaires. Des bases ouvrent aussi dans les villes de Mossoul et Bassorah. Et dans d’autres parties du pays. Des officiers sont prélevés de poste en Afrique, en Europe mais aussi de Langley pour de courts séjours a Bagdad. La plupart sans préparation physique militaire ou même connaissance de la situation sur le terrain ou de la langue.

La zone, affectée aux préfabriqués qui les abritent dans la zone verte ne pouvant être étendue, MEYER propose de les entasser (les préfabriqués) sur deux étages. Cette idée à priori logique se heurte à des impératifs de sécurité. Les structures ainsi crées serait plus hautes que les murs de sécurité de la green zone et ferait une cible de choix pour les tirs de mortiers et de RPG 7 de la rébellion (Curveball by Bob DROGIN).

Sur un plan opérationnel l’environnement se complique du fait des attentats quotidiens. Les officiers traitants de plus en plus nombreux sortent des zones protégées le moins possible. Ce qui empêchent un recueil efficace du renseignement. Quand ils sortent afin de rencontrer une source c’est sous escorte peu discrète. Et quand ils parviennent a se défaire de leur escorte ils manquent de se faire enlever comme ces deux fonctionnaires féminines de l’Iraq Survey Group qui n’échappent a leurs sort que grâce aux qualités de conductrice de la plus jeune des deux.

Cette dégradation est perçu par MEYER malgré le manque chronique de contacts extérieurs. Et dès la fin Aout 2003, à la demande des autorités politiques, il fait parvenir à Washington un rapport (qualifié par les médias de AARDWOLF) dans lequel il met en exergue trois points :

- La rébellion est de plus en plus nombreuse

- Les armes et munitions sont innombrables depuis les pillages à la chute de Saddam HUSSEIN

- Les volontaires étrangers ou djihadistes coordonnent de plus en plus leurs actions avec les baasistes irakiens

Le lundi 10 novembre 2003 -alors que l’armée américaine va connaître sa 400ème victime en opération en Irak et sa 260ème depuis le victoire déclarée par GW BUSH le 1er mai- Gerry MEYER fait parvenir un deuxième AARDWOLF ou après avoir répété son constat d’aout il met clairement en accusation la politique de son gouvernement et se prononce pour un retrait des troupes devant une situation qu’ il qualifie d’inextricable.

La teneur de ce rapport fuite dans la presse dès le 12, notamment sur CNN.

La fuite, combinée aux idées développées par MEYER (qui vont à l’encontre de celles prônées par la clan CHENEY-RUMSFELD) et à des problèmes personnels –probablement un divorce- entraine son rappel dès début décembre 2003. Il quitte la CIA peu après.

Ironiquement le 6 décembre BREMER le pro consul américain en Irak échappe à un attentat à la bombe contre son convoi. L’attaque ne sera confirmé que 2 semaines plus tard par le CPA.

Quelques semaines après, le troisième chef de station de la CIA arrive à Bagdad. Il s’agit -selon une source unique- de Robert CARDENA un officier d’une quarantaine d’années qui « a gravi les échelons comme une étoile filante » notamment grâce a sa capacité de recrutement lors des opérations de la CIA au Kosovo. Il y a croisé Lindsay MORAN.

Sous sa direction la station va compter jusqu'à 600 fonctionnaires, soit la moitié des officiers traitants en poste à l’extérieur. A l’image de leur chef peu d’entre eux sont arabisants ou même des spécialistes de la région.

Durant son séjour ce ne sont pas moins de 6 AARDWOLVES (1 tout les 2 mois) que CARDENA fera parvenir a sa hiérarchie. Tous plus alarmistes que les autres. La CIA doit en effet faire face a plusieurs crises simultanées.

- Crise interne avec les changements à sa tête

- Crise politique avec la défiance et l’hostilité croissante de l’administration BUSH envers elle

- Etat de guerre larvée entre les USA et l’Iran se traduisant par le développement d’une insurrection chiite et la multiplication d’incidents avec les « diplomates » iraniens en Irak

- Crise systémique avec des échecs retentissants comme le cas CHALABI

En quittant son poste en décembre 2004, Robert CARDENA est ré-affecté au sein de la Directions des Opérations mais selon certaines sources journalistiques, à son retour, il aurait été traité comme un paria a l’intérieur de l’organisation.

De source unique il aurait été remplacé par l’ancien chef de station a Kaboul un analyste arabisant dont le surnom est Phil.


1 commentaire:

Cyril a dit…

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