vendredi 12 juin 2009

L’INFORMATION OPERATIONS CENTER DE LA CIA ET LE RENSEIGNEMENT SUR INTERNET


Avec l’avènement de la société de l’information et des nouvelles technologies est aussi apparu un nouveau champ de bataille virtuel mais néanmoins crucial pour les grandes puissances.

Récemment encore la démonstration en fut donnée quand des pirates ont tenté de « hacker » des serveurs gouvernementaux canadiens allemands britanniques et américains. Les enquêtes ultérieures auraient démontrés qu’ils avaient opéré depuis des bases sur l’ile d’Hainan dépendantes de la troisième section de l’Etat-major de l’armée chinoise (APL) chargée de l’interception des communications.

La CIA pour ce qui la concerne a rapidement a pris la mesure de ce phénomène et notamment de son importance dans le domaine du renseignement.


En 1996 John DEUTSCH charge un groupe de travail ad-hoc de travailler à la création d’un Clandestine Information Technology Office (CITO) qui deviendra dès 2000 l’actuel Information Operations Center (IOC).

Avant de définir les missions officielles et clandestines de cette structure il apparaît intéressant d’étudier les personnalités composant ce groupe ad-hoc à l’origine de la structure.

James R. GOSLER leader de ce groupe -qui sera d’ailleurs nommé premier directeur du CITO- est un officier de réserve de la marine américaine diplômé de mathématiques et de physique. Après plusieurs années au laboratoire de recherche nucléaire de Sandia ou il s’occupe notamment de modélisation et de simulation numérique puis de sécurité informatique, il rejoint de 1989 à 91 la National Security Agency (NSA) ou il poursuit ses recherches dans le domaine des réseaux informatiques et de leurs sécurité (INFOSEC).

En octobre 1996 après six mois d’analyse et d’études Il réorganise le CITO avec un tel succès que, selon sa biographie officielle, l’influence du bureau sur la sécurité nationale US en est décuplée. Les récompenses pleuvent entre cette date et son départ de la CIA en 2001. Entre autres le Director of Central Intelligence Director's Award, la Intelligence Medal of Merit, la National Intelligence Medal of Achievement et le Clandestine Service Medallion.


Fred TURCO a lui un parcours totalement différent. Ce vétéran de la Direction des opérations (DO), affecté à la division moyen orient et ancien chef de station dans la région s’est spécialisé dans le contre terrorisme. Il sera d’ailleurs présent lors de la création du CTC par Duane CLARRIDGE en 1985. Au sein du CITO puis IOC il a semble t il su utiliser de manière innovante les nouvelles technologies dans la lutte anti terroriste.


En 1996, alors qu’il travaillait à la NSA Charles K. ORTHMAN, fût invité à mettre ses connaissances cryptographiques et informatiques au service de la création du Clandestine Information Technology Office (CITO).

Glenn A. GAFFNEY, en 1996, est lui chargé du programme de ciblage de la structure en synergie avec la DO. Il sera ensuite successivement chef de l’analyse et des opérations puis adjoint au responsable administratif, enfin de 2002 à 2005 adjoint au chef de l’IOC avant d’en devenir le chef de novembre 2005 à décembre 2006.


C’est donc en avril 1996 que John DEUTSCH crée Clandestine Information Technology Office. Il place cette structure sous la direction conjointe de Ruth DAVID directrice de la science et de la Technologie (DS&T) et de David COHEN le directeur des Operations.

En 2000 le CITO laisse donc la place à l’Information Operations Center toujours sous la double responsabilité de la DS&T et la DO puis du National Clandestine Service (NCS).

Officiellement l’IOC et en particulier son groupe d’analyse (IOC/AG) est chargé d’évaluer les menaces et étrangères (états ou organisations terroristes) contre les systèmes informatiques des organisations les plus importantes dans la défense des USA.

Officiellement toujours ils sont les maitres d’oeuvre de plusieurs kriegspielen informatiques –noms de code LIVEWIRE ou SILENT HORIZON- ou ils simulent toutes sortes d’attaques contre des serveurs US pour en tester la sécurité.

En fait plusieurs éléments troublants livrés ici tracent un dessin beaucoup moins consensuel.

Si le CITO puis l’IOC sont chargés d’analyser la sécurité et de protéger les serveurs informatiques US pourquoi a-t-on dès sa création choisi de le placer en partie sous la responsabilité de la Direction des Opérations chargée des actions offensives de la CIA.

Par ailleurs la carrière des officiers de la DO affectés à cette structure doit interpeller. Fred TURCO on l’a vu est un spécialiste du moyen orient et de ses trop nombreux groupes terroristes. Il est présent lors de la création du CTC en 1985 et le dirige même de 1987 à 1991. A la fin des années 90 il participe à la création de l’External Operations and Cover Division. Ce n’est donc pas un spécialiste des communications mais bien un technicien de la collecte clandestine du renseignement qu’on aurait chargé de s’assurer de la sureté des serveurs US ?


La biographie de Robert M. DANNENBERG qui a dirigé l’Information Operations Center de décembre 2006 à août 2007 est encore plus parlante. Après avoir dirigé la station de la CIA à Moscou jusqu'à 2003 puis chef des opérations du CTC jusqu'à 2004 il est nommé chef de la division Eurasie de la DO-NCS jusqu'à son arrivée à l’IOC.


Ce sont donc bien des chasseurs que l’on a placé à la tête d’une structure chargé -non seulement- de la protection des serveurs US contre les attaques du net, mais aussi d’opérations offensives de renseignement au travers des autoroutes de l’information. Ma théorie est que l’IOC est aujourd’hui au cœur de la collecte technique clandestine de renseignement de la CIA. Au même titre que les écoutes l’espionnage et l’action clandestine sur le net est devenu un atout crucial dans la panoplie du renseignement américain.


Pour conclure cet article il me vient le souvenir d’un article lu il y a 2 ans dans Marianne. On y racontait l’étrange histoire d’attaques informatiques subies par les serveurs de gestion des pipe-lines iraniens. Ces attaques se serait répandues jusqu’au systèmes informatiques du programme nucléaire militaire de Téhéran le bloquant pendant quelques mois…..

dimanche 15 février 2009

QUELQUES OFFICIERS AFRO-AMERICAINS AU SEIN DE LA DIRECTION DES OPERATIONS DE LA CIA

George Edward HOCKER Jr


George HOCKER rejoint la CIA vers 1958, à vingt ans, alors que certains états de l’union empêchent encore leurs citoyens de race noire de voter.

La CIA et singulièrement sa Direction des Opérations (DO) est alors -à l’image des USA- encore largement dominée par une élite masculine blanche protestante issue des classes les plus favorisées de la cote est. HOCKER est noir adventiste et originaire de la cote ouest.

On peut supposer que vu son jeune âge ll ne fait son entrée à la DO que vers 1965. Son honnête carrière d’officier traitant va débuter en Afrique en 1967. Les officiers noirs fort rares sont alors prioritairement affectés en Afrique. Cette tendance nous le verrons perdure encore de nos jours.

HOCKER sera à Nairobi de 1967 à 1969 puis à Lagos de 1971 à 1975 puis en tant que CoS à Ouagadougou de 75 à 78.

Il sera ainsi en poste dans une demi-douzaine de pays sur une période de quinze ans puis au quartier général de Langley. De 1989 à sa retraite en janvier 1992 il fut officier de liaison de la CIA auprès de la DEA.

Il fut l’un des premiers noirs à intégrer le Senior Intelligence Service –l’élite des services de renseignements- au titre de la DO. Il quitte la CIA avec un grade civil équivalent à celui d’un général de brigade.


Michael Louis SHANKLIN



Né en 1943 et élevé dans le ghetto noir de Watts à Los Angeles -théâtre en 1965 de terribles émeutes raciales- Michael SHANKLIN rejoignit le corps des marines ou il connut le feu au Vietnam et y atteignit le grade de Major.

Il rejoint l’agence en 1982 en tant que case officer. Il est « naturellement » affecté en Afrique et d’abord au Soudan au milieu des années 80 sous les ordres de Milton BEARDEN.

Les postes à risques s’enchainent ensuite du Tchad en guerre à l’Algérie pro soviétique puis à la Jordanie.

Il devient adjoint au chef de la station de Mogadiscio en Somalie en 1990 alors que le régime du dictateur Siad BARRE est à l’agonie face aux coups de boutoirs des milices du Général Mohamed Farah AIDEED et que le pays s’enfonce lentement dans le chaos de la guerre civile.

C’est lors de ce séjour que SHANKLIN cultiva puis recruta un jeune –mais déjà riche- homme d’affaires et chef de guerre du nord de Mogadiscio qui grâce à ses connections devint la principale source humaine de la CIA sur la guerre civile somalienne. Bien que les Etats-Unis de BUSH père n’ai pas pris position dans cette guerre il convenait d’avoir le maximum d’informations sur cette situation.

La relation forgé par SHANKLIN avec cet “atout” fut tellement profonde que celui-ci lui présenta sa compagne Stefania PACE un médecin italien travaillant pour une organisation humanitaire en Somalie.

SHANKLIN fut contraint de quitter la Somalie en janvier 1991 quand l’ambassade des USA fut fermée
à la suite de la chute de BARRE et du début des affrontements entre les factions de la rébellion. Il faut noter ici qu’il fut l’un des derniers a décoller en hélicoptère de l’ambassade sous le feu des rebelles, car il fut chargé de rattraper la gaffe de son chef de station en récupérant du matériel et des documents confidentiels oublié dans la panique dans son logement de fonction.

Après CINQ JOURS au quartier général de Langley il fut envoyé dans le Golfe pour des opérations de soutien aux troupes de la coalition.

Puis, pendant 1 an, il est Chef de Station au Libéria un autre pays africain en guerre civile.

A son retour à l’automne 1992 -et à sa demande- il est affecté à Londres en tant qu’officier de liaison avec le MI6.

Mais la situation somalienne le rattrape. Il est en effet désigné dès décembre 92 –sous le nom de code de CONDOR- comme chef du détachement de la CIA chargé de protéger et de préparer le débarquement d’une division de marines décidé par BUSH père.Il s’appuya dans cette opération sur la logistique de son agent principal.


Il fut notamment à l’origine du renseignement menant à l’arrestation d’Osman ATTO le trésorier d’AIDEED. Il fut aussi impliqué dans une tentative de capture d’AIDEED grâce à une balise radio dissimulés –par l’Office of Technical Services- dans une canne en ivoire qui devait lui être remise.

Après la mort tragique de son agent principal et la défaite américaine du 4 octobre 1993 il quitte la Somalie et retrouve son poste à Londres. En 1994 il reçoit des mains de John DEUTCH DCI à l’époque une intelligence star pour bravoure en Somalie. Il finira sa carrière comme haut responsables de la DO lors du déploiement américain en Bosnie.

Mais c’est surtout suite à la paranoïa qui s’est emparé de l’agence après les scandales AMES et NICHOLSON que SHANKLIN sera remercié. Il a en effet entamé une liaison intime avec Stefania PACE (citoyenne italienne) ce qui est en contravention avec les règles de l’agence. Il choisira la femme qu’il aime et qu’il finira par épouser

plutôt qu’une carrière prometteuse dans le renseignement américain.



William M PHILLIPS



Bill PHILLIPS a lui aussi connu une carrière couronnée de succès qui l’a mené aux sommets dans tout les sens du terme. Ce natif de Chicago en 1951 séjourne dans son enfance en Arkansas, ce qui explique son amour pour l’ouest américain.

Ses parents, des professeurs d’université sont affectés au Pakistan au milieu des années 60 et le jeune William qui les a suivis découvre alors la diversité culturelle du monde, hors des USA.

Cette expérience marquante, alliée à sa condition d’homme noir dans une élite américaine encore majoritairement blanche à l’époque, lui enseigne l’humilité et l’ouverture d’esprit face aux autres cultures. Ces qualités s’avéreront particulièrement utile dans sa future carrière en postes extérieurs pour la CIA. Il rejoint en effet la DO de la CIA en 1980 et sera ultérieurement affecté notamment en Turquie au Pakistan, en Iran (sans couverture diplomatique) et en Jamaïque, ou il remplace, en tant que chef de station, Janine BROOKNER à la suite de son départ mouvementé en 1991.

En 2003 il arrive, accompagné de son épouse Linda HALL –elle aussi fonctionnaire de la CIA- pour devenir chef de station dans le deuxième pays le plus peuplé de la terre.

L’Inde qui est en outre une puissance nucléaire, est à la lisière d’une région qui à la suite du 11 septembre est devenu cruciale pour la politique étrangère et militaire américaine et donc pour la CIA. En d’autre termes PHILLIPS a non seulement fait ses preuves en tant qu’officier traitant mais aussi en tant que superviseur (recrutement et/ou traitement de sources importantes, prise de risque pondérée) et se voit donc, a l’évidence, attribuer ce poste en récompense de services éminents rendus à l’agence.

En 2004 (et même si il est impossible de dire si c’est dans le cadre de ses fonctions), ce bouddhiste convaincu a le bonheur de rencontrer, en audience privée, le Dalai Lama en Inde.

En juin 2005 à l’âge de 54 ans Il quitte l’Inde et la CIA et rejoint dès août le Laboratoire National de recherches atomiques de Los Alamos en tant que Directeur de la Sécurité.




Melvin Leon GAMBLE




Melvin GAMBLE rejoint la Division Afrique (quelle surprise !!) de la DO au début des années 70.

Et après des affectations successives au Nigéria au Kenya et au Libéria il est nommé chef de station au Burkina Faso, lointain successeur de HOCKER. Cette nomination s’effectue probablement aux alentours de 1990, car, à la suite de coupes budgétaires effectuées en 1994 plusieurs stations de la CIA en Afrique -dont celle d’Ouagadougou- considérés comme inutiles sont fermées.

Lors de ses affectations ultérieures en centrale il s’impose comme un spécialiste des affaires africaines auprès des interlocuteurs traditionnels de l’agence que sont le NSC le Pentagone et le Département d’Etat. Son témoignage notamment sur le génocide rwandais de 1994 fourmillerait , à cet égard, surement de détails inédits et potentiellement explosifs pour les puissances occidentales.

En 1999 on le retrouve conseiller pour la coordination au sein de l’ambassade des Etats-Unis à Prétoria. Il est en fait, pour son cinquième séjour en Afrique, le Chef de la station de la CIA dans ce pays qui vient d’élire son deuxième président noir Thabo MBEKI.

Ce passionné de moto et d’automobiles anciennes rejoint en 2002 le quartier général de Langley ou il est successivement nommé chef de la Division Afrique puis Adjoint au chef de la Division Europe du NCS. C’est, en l’état actuel de mes recherches, le premier officier noir à atteindre le niveau de chef de division. Rappelons pour mémoires que ceux-ci étaient, à la fin des années 80 surnommés les « barons ». Il prend, en 2008, une retraite mérité.




Jeffrey Alexander STERLING




Né en 1968 et Élevé à Cape Girardeau, Missouri Jeffrey STERLING , le plus jeune d’une fratrie de six, est le seul membre de sa famille à aller à l’université.

Après avoir obtenu son diplôme de la Millikin University à Decatur, en Illinois, il obtient un diplôme en droit de la Washington University de St. Louis. Après avoir répondu à une annonce de la Central Intelligence Agency, il est embauché en 1993.

En Décembre 1994, il achève sa formation à Camp Perry pour devenir officier traitant et en Janvier 1995 rejoint L’Iran Task Force ou, selon ses dires, il y est le seul officier noir sur 20 à 30 membres.

Dans cette unité, il sillonne l’Afrique et l’Europe pour travailler avec des agents iraniens.

Après une formation en farsi, suivie d'une autre période, au siège et alors qu'il est passé par un divorce, M. Sterling est envoyé à Bonn, en Septembre 1997.

Affecté au recrutement d'agents iraniens, il déclara plus tard que ses efforts pour rencontrer notamment des diplomates perses ont été entravés en raison de sa "couverture". Il est en effet obligé de se faire passer pour un officier logisticien de l’armée américaine. Malgré ses demandes répétées a ses supérieurs, ceux-ci auraient semble t il toujours refusé de lui accorder une couverture de diplomate mieux a même de lui permettre de circuler parmi les fonctionnaires étrangers.

Si il a géré un ou deux agents en Allemagne, il ne fut jamais autorisé à en recruter de nouveaux.

Lors d’une rencontre avec ses supérieurs en Novembre 1997, Ceux-ci lui auraient déclaré que son apparence (sa peau noire) était l’obstacle principal à cette autorisation de recrutement. Il exige et obtient alors son transfert hors d’Allemagne.

Après presque un an à la division de contre-prolifération, Sterling est transféré à la station de New York en Janvier 1999, où il est de nouveau le seul officier traitant noir. Cette station est dirigé par David COHEN jusqu'à 2000 puis par Mary Margaret GRAHAM jusqu’a 2003.

Il est de nouveau assigné au traitement et au recrutement de sources iraniennes et reçoit en Septembre 1999 une évaluation positive dans ces fonctions.

Mais peu de temps après les responsables de la station de New York lui reproche son incapacité à recruter des sources iraniennes. Sterling met de nouveau en avant sa couverture inadéquate et le nouveau rejet d’attribution d’une couverture de diplomate.

En avril 2000, ses supérieurs hiérarchiques lui impose un délai de deux mois pour commencer à recruter trois nouveaux espions, et avoir trois rencontres avec chacun sous peine d’être contraint de quitter la station.

Sterling déclare avoir rejeté cette date butoir irréaliste et injuste. Il affirme que ces collègues traitants blancs ont eu systématiquement plus de temps pour répondre à des normes moins exigeantes. Il dépose alors une plainte auprès du bureau de l'égalité des chances de l'agence mais est rapidement informé qu'il serait soumis à une enquête de sécurité deux ans avant la date normale.

En août 2000, M. Sterling est forcé de quitter la station de New York et en Mars 2001est suspendu de ses fonctions. Il affirme avoir été congédié pour avoir refusé une affectation à la Iran Task Force, l’agence affirmant qu’il a refusé d’autre postes proposés. il est finalement licencié en octobre, 1 mois après les attentats de New York et Washington.

Le procès qu’il a intenté contre la CIA et 10 de ses employés pour discrimination raciale n’est jamais allé au bout car les juges ont considéré que cette action pouvait dévoiler les méthodes de l’agence. La cour suprême a confirmé ce jugement en 2006.

STERLING est retourné à St LOUIS ou il est aujourd’hui enquêteur pour une compagnie d’assurance.




Andrew M. WARREN



Andrew M. WARREN a grandi dans une ferme à Chesapeake en Virginie.

Après une licence à la Norfolk State University et un DEA d’histoire du Moyen orient et d’arabe à l’université d’Indiana il rejoint la NSA ou ses talents linguistiques ont surement été appréciés.

En 1997 la CIA recrute ce géant de 1m90 ceinture noire de karaté, et après une année de formation il est affecté, en tant qu’officier traitant (case officer) sans surprise, à la division Moyen Orient de la DO alors dirigée par Stephen W. RICHTER. Il en profite pour voyager dans son domaine géographique qui s’étend des cotes atlantiques du Maroc aux confins de l’Inde et de la Birmanie.

En 1999 son premier poste extérieur est le Koweït ou il travaille sous couverture diplomatique (probablement deuxième ou troisième secrétaire) à l’ambassade américaine très certainement en direction de l’Irak qui n’a jamais quitté les radars de la CIA depuis 1991.

A son retour du golfe et après avoir commis un roman qui connut un petit succès d’estime, il quitte la CIA pour céder aux sirènes du privé. Il intègre une société financière à New-York. Et c’est des fenêtres de son bureau qu’il assiste à l’effondrement des tours du WTC le 11 septembre 2001.

Dans un élan patriotique il rejoint de nouveau les services opérationnels de la CIA. Il y est accueilli à bras ouverts non seulement en tant que linguiste arabe avec une expérience à l’étranger mais aussi en tant qu’homme noir converti à l’Islam. A l’heure de la guerre globale contre le terrorisme islamiste ce profil est l’un des plus recherchés par l’agence. Il lui permet de se fondre naturellement dans la foule arabe et d’accéder plus facilement a une mosquée voire à une madrassa.

Il est rapidement affecté à la station de Kaboul. Il effectue ensuite jusqu'à 2007 un séjour au Caire.

En tant qu’OT dans cette région il a, semble-t-il rapidement appris l’importance du sexe dans le recrutement de sources. Ils sembleraient que, non content de les inviter dans des strip clubs, ils accompagnaient ses recrues potentielles dans des visites discrètes qu’il finançait sur fonds secrets, dans des maisons de tolérance.

Ces méthodes et son profil décrit plus haut lui valent plusieurs récompenses et promotions et une ascension rapide de sa carrière. A tel point qu’en avril 2007, à 40 ans, cette « étoile montante » devient Chef de Station à Alger. Cette station est prioritairement chargée du suivi des activités du groupe Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Ce groupe, auteur de plusieurs attentats meurtriers en Algérie, est en effet la filiale locale de la nébuleuse créé par Oussama BEN LADEN à la lisière de l’Europe Occidentale avec des ramifications du Niger à l’Espagne et à la France.

Sa résidence personnelle est alors situé 5, Chemin D’Hydra, Poirsson, El Biar à Alger, un complexe d’immeuble s rattaché à l’ambassade américaine et mis a disposition des diplomates en poste sur place

En Août ou Septembre 2007 une algérienne détentrice d’un passeport allemand est invitée a participer à une fête dans l’appartement de WARREN ou de son propre aveu elle a consommé plusieurs verres whisky-coca. Il faut attendre juin 2008 pour qu’elle se présente devant le chef du détachement des Marines à l’ambassade US pour se plaindre d’avoir été droguée puis violée par WARREN lors de cette soirée.

Les faits sont transmis à Washington, qui ordonne l’ouverture d’une enquête préliminaire confidentielle par le DSS.

Le 15 septembre 2008 une algérienne résidant en Espagne se confie à Thomas F. DAUGHTON l’adjoint au chef de mission de l’ambassade des Etats-Unis à Alger. Elle lui indique qu’avec son mari, elle avait lié connaissance avec l’officier de la CIA lorsque celui-ci était en poste à l’ambassade US au Caire. Depuis, ils ont gardé des contacts. Mais surtout que le 17 Février 2008 lors d’une soirée chez WARREN elle aurait ressenti un malaise et aurait été violée par lui.

Le 25 septembre 2008 un agent spécial de la DSS auditionne la première victime présumée pour connaître sa version tandis qu’un autre se rend en Espagne pour recueillir officiellement les déclarations de la deuxième.

Même si il n’a pas été possible de le vérifier il parait probable que la CIA ait mené sa propre enquête interne.

Le 9 octobre 2008 l’ambassadeur américain à Alger David PEARCE demande et obtient le rappel du chef de station aux USA.

Malgré sa confidentialité les résultats de l’enquête du DSS sont révélés le 29 janvier 2009 par la chaine de télévision ABC avec forces détails .

Il convient ici de rappeler que ces révélations se déroulent quelques jours après la prestation de serment de Barack OBAMA et que le lendemain l’ambassadeur PEARCE, devait être reçu par le ministre algérien de la Défense, Abdelmalek GUENAÏZIA.

L’affaire est aujourd’hui encore devant la justice américaine mais il faut noter que si WARREN reconnait les relations consenties il nie toujours les viols.

mardi 18 novembre 2008

OBAMA et le renseignement américain.

L’élection forcément historique de Barack OBAMA à la présidence de la république des USA le 4 novembre dernier va entrainer des changements de personnels au sein de toute l’administration américaine.

Il semble bien que ces changements affectent en priorité les dirigeants des services de renseignements tels que le Directeur National du Renseignement (DNI) John M. McCONNELL et le directeur de la CIA Michael V.HAYDEN .


Nommé à leurs postes par le Président BUSH, ces deux hiérarques ont le handicap supplémentaire d’avoir supervisé les affaires de torture de prisonniers jihadistes à Guantanamo mais aussi en Thaïlande, en Egypte et peut être en Pologne. Le président élu s’étant constamment opposé a ces pratiques on peut parier qu’il n’aura aucune difficultés a les remplacer.


Les spéculations dans les cercles du renseignement donne comme favori pour ces deux postes un ancien officier de la CIA parti dans le privé.

Né le 22 septembre 1955, John O. BRENNAN est entré à la CIA en 1980 en tant qu’officier traitant, après une année d’études à l’Université Américaine du Caire. Parlant couramment arabe, il est affecté, en 1981, à l’ambassade de Djeddah sous couverture de la section politique.

A son retour à Langley en 1984 il quitte la DO (Directorate of Operations) et commence une carrière météoritique dans l’analyse des mouvements terroristes moyen orientaux au sein de la DI (Directorate of Intelligence). Cette carrière le mène tour a tour à la tête de l’analyse du CTC (Centre Anti terroriste) puis responsable du briefing présidentiel de Bill CLINTON de 1994 à 1995, et enfin assistant du futur directeur de la CIA George TENET pendant un an.

Jusqu'à 1999 il est affecté à Riyad en tant que chef de station ou selon certains anciens officiers il n’auraient pas donné la pleine mesure de ses possibilités dans la traque de celui qui fera parler de lui quelque années plus tard : Oussama BEN LADEN. Pourtant George TENET dans ses mémoires affirme que BRENNAN, lors d’une rencontre à haute tension, aurait mis en fuite le responsable de la station des services iraniens en Arabie Saoudite.

C’est sans doute pour cela qu’il en fait son chef d’Etat major jusqu’en 2001 puis Directeur exécutif adjoint –N°4 de la CIA- jusqu’en 2003.

Il est ensuite successivement chef de l’éphémère TTIC puis premier directeur du NCTC jusqu’en 2005. On le retrouve en tant que conseiller du candidat Barack OBAMA pour la sécurité nationale. en mars 2008.

Son éventuel confirmation par le sénat risque d’être compliqué par son attitude laxiste en Arabie Saoudite de 96 à 99 mais aussi par le fait que de 2003 à 2005 en tant que responsable de la lutte anti terroriste il n’a pas pu ignorer les graves atteintes aux droits commises dans ce cadre. Même si dès sa démission il s’en est démarqué il a été un de ces concepteurs.

Enfin sa carrière fulgurante lié a des "parrains" politiques CLINTON, TENET et Anthony LAKE


pourrraient ne pas plaire a certains anciens de la DO voire au directeur adjoint de la CIA Stephen KAPPES.

dimanche 26 octobre 2008

QUELQUES PRECISIONS SUR LA REPRESENTATION DU SIS A WASHINGTON.

Un article récemment publié sur son blog -par ailleurs fort intéressant- par un apprenti historien comme moi, m’amène a formuler ici quelques précisions et corrections qu’il serait trop long et fastidieux de placer dans ses commentaires.

Je constaterait en préambule que les services anglais ont toujours eu a cœur de placer à Washington des officiers spécialisées dans des domaines intéressant leurs alliés américains au moment de cette nomination. Il en va ainsi de PHILBY, spécialiste des arcanes du contre espionnage lors de la création de la CIA.



Ses liens d’amitié avec le jeune ANGLETON futur chef du contre espionnage de la CIA en est le plus marquant exemple. On citera aussi John Debenham TAYLOR spécialiste de l’Asie nommé a Washington au plus fort de la guerre du Vietnam ou George WEBB a son retour de Téhéran en 80 au moment de la crise des otages américains en Iran. Que dire enfin de la nomination de SHIPSTER pendant la guerre en Irak, juste après avoir été contrôleur du Moyen Orient à Vauxhall Cross.


Voici selon mes recherches les représentants du SIS a Washington de 1945 à 2007. Je fais le choix, pour des raisons de sécurité évidentes, de ne pas donner l’identité de la personne nommé a ce poste en 2007.


45-49- Peter M DWYER

Etudiant à Oxford qui rejoint le SIS en 1938, il passe un an à Paris qu’il quitte à la défaite. Il est nommé chef à Panama puis responsable des affaires latino-américaines du British Security Coordination . C’est grâce à son travail après guerre en tant que représentant du SIS et du MI5 que l’espion atomique Klaus FUCHS est soupçonné et finalement arrété.


49-51- Kim PHILBY

Est il encore utile de présenter cet archétype de la traitrise ?


51-53- John Bruce LOCKHART

Contrôleur Moyen Orient de 1959 à 1963 puis Contrôleur Afrique de 1963 à 64 il est l’un des directeurs adjoints du service quand il le quitte en décembre 1965 suite à une réorganisation voulue par Dick WHITE et inspiré par le déja puissant et ambitieux Maurice OLDFIELD.


53-56- Leslie MITCHELL

Responsable d’opérations spéciales notamment en Scandinavie pendant la guerre


56-58- Maclachlan Alan Carl “MAC” SILVERWOOD-COPE

Il fut 2ème secrétaire commercial à l’ambassade de Stockholm en 1945 puis 1er secrétaire et chef de poste à Tokyo de 1953 à 1956. Il poursuivra ensuite une brillante carrière en tant que chef à Copenhague puis Buenos Aires.


58-60- John BRIANCE

Un ancien de la police anglaise en Palestine ou il luttait contre les activistes juifs, il est en poste en 1953 à Téhéran lors l’opération contre MOSSADEGH. Après Washington il sera chef de poste à Singapour.


60-64- Maurice OLDFIELD

Notamment contrôleur Asie de 1958 à 1959 il deviendra chef du MI6 en 1973 après avoir « éliminé » plusieurs adversaires au sein du service notamment LOCKHART en 65 ou PHILPOTTS en 70.


64-66- Christopher PHILPOTTS

Il fut chef à Athènes de 1953 à 1957 puis à Paris de 1957 à 62 il terminera sa carrière en 1970 comme chef du contre espionnage à Century House.


66-69- John B. DA SILVA

Chef de station à Bahrein de 1960 à 63 puis à Aden au Yemen de 63 à 66.


69-71- John Debenham TAYLOR


Cet officier très discret, ancien agent du SOE durant la 2nde guerre mondiale, est succesivement en poste en allemagne de 1947 a 50, en Thailande de 50 a 52 puis à Hanoi de 52 a 53. Il est de nouveau à Bangkok de 54 à 56 puis à Singapour de 1958 à 1960 ou il croise Maurice OLDFIELD cité plus haut. Il est chef de station à Kuala Lumpur de 1964 à 1966 puis controleur de la division Asie de 1966 à 1969.
A son départ de Washington il sera est nommé chef de la station de Paris toujours sous la couverture de conseiller d'ambassade.


71-72- John Halkett BADDELEY

Même si ses précédents postes peuvent laisser supposer une spécialisation asiatique il est intéressant de noter qu’alors qu’il est en vacances en Grèce en aout 1968 il est rappelé à Century House du fait des événements de Prague. Cela tendrait à prouver une forte implication dans les affaires est-européennes et/ou soviétiques.

C’est le premier représentant du SIS à Washington qui disparait en poste. En effet en 1972 à 52 ans il décède d’un cancer.


72-74- Alexander WALKER

C'est un spécialiste du recrutement de soviétiques qui est rappelé en urgence, en 1973, de Rome -centre anti soviétique pour le SIS depuis les années 50- pour remplacer BADDELEY.


74-77- Guy Maurice BRATT

Né le 4.4.1920; Après des études à la London University il est affecté au Royal Signals en tant que major pendant la seconde Guerre mondiale. Il rejoint le SIS en 1952. Il est posté a Berlin de 1952 à 1954 puis à Bruxelles jusqu'en 1958 sous la couverture de 2ème secrétaire. De 1962 à 1966i l est 1er secrétaire chargé des visa à Vienne et probablement chef de station. De 1970 a 1972 il est à Genève toujours en tant que chef de station puis de 1974 à 1977 à Washington en tant que conseiller et donc représentant du service aux USA. Il quitte le service en 1985 en tant que chef de division.


77-80- John H.R COLVIN


80-82- George H. WEBB (Représenté ici dans un costume traditionnel du Ghana ou il fut en poste de 1969 a 1973)

Chef de Poste à Téhéran de 79 à 80 puis directeur du Personnel et de l’administration de 82 à sa retraite en 1985


82-86- Anthony Charles Mayle DE VERE

Né le 23 janvier 1930 il rejoint le MI6 en 1963 après 11 ans dans l'administration coloniale en Afrique de l'Est. Il sera 1er secrétaire à Lusaka en Zambie de 67 à 70 puis à New York de 1972 à 74. Il devient Chef de division -impossible de savoir laquelle à ce stade- a la fin des années 70 puis est nommé en 1982 à Washington. Il est décédé le 17 septembre 2008.


86-88- Duncan STUART

Conseiller d'ambassade -et donc chef de station- à Bonn de 80 à 83 il deviendra de 1996 à 2002 conseiller du ministre des affaires étrangères pour les archives du SOE. Il remplace a ce poste une autre légende du SIS, Gervase COWELL.


88-91- John CLIBBORN


91-93- Richard DEARLOVE

Après trois années en tant que chef de poste à Genève de 87 à 90 et avant de devenir directeur des opérations de 94 à 99 puis chef du Service ce passage à Washington était obligé dans son CV.


93-95- Retour de John CLIBBORN


95-98- Robert FULTON

Contrôleur Europe de l’Est de 93 a sa nomination à Washington.


98-04- Ian Forbes McCREDIE


04-07- Michael SHIPSTER