mardi 20 novembre 2007

La station de la CIA à Bagdad depuis 2003


Le 9 avril 2003 avec la chute du régime de Saddam s’installe à Bagdad une force d’occupation. Dans ses bagages arrive dès le 21 le CPA (administration militaire provisoire) –dirigé par

le Général à la retraite Jay M. GARNER- et, pour la première fois depuis 1990, son corolaire en termes de renseignement : une implantation permanente de la CIA, une station.



A la tête de cette station est nommé Charlie SEIDEL, le fils de John J.SEIDEL (vétéran des opérations de la CIA dans la région qui a notamment été chef à Beyrouth et à Paris au début des années 80).

Parlant couramment l’arabe puisque baignant dès sa naissance dans la culture, Charlie est un officier expérimenté qui a notamment été en poste à Bahreïn au milieu des années 80, à Bagdad –déjà- juste avant la 1ère guerre du Golfe, puis chef de station au Caire au début des années 2000.

Cette connaissance profonde du monde arabe et de l’Irak le propulse en 2002 responsable des opérations de renseignements et de sabotage contre l’Irak. Il est alors basé à Bahreïn et coordonne ses actions avec le CENTCOM avant et pendant l’invasion.

C est sous sa supervision que Tom S. -un ex béret vert d’une quarantaine d’années chef de la base avancé de la CIA à Suleymanieh dans le Kurdisatn irakien- recrute puis actionne le réseau DBROCKSTARS.Composé de 87 irakiens qui ont été équipés de téléphone satellite thuraya

pour maintenir une voie de communication, ce réseau connaitra un relatif succès lors de l’invasion en désignant en quasi temps réel les cibles de bombardement à l’aviation de la coalition.


La station de la CIA s’installe dans l’enceinte ultra sécurisée de l’aéroport de Bagdad. Certains bureaux dont celui du CoS sont par ailleurs situés au sein du bâtiment de la CPA à l’intérieur de la « zone verte ». Les autorités américaines prévoyant une guerre et une opération rapide la station n’est composée que d’une quarantaine de fonctionnaires qui ont participé aux opérations précédant les hostilités. Ce sont donc en général des opérationnels et des analystes arabistes spécialisés dans les problématiques régionales.

Les objectifs de SEIDEL sont clairs :

1- Mettre fin au chaos naissant en repérant les futurs responsables politiques irakiens

2-Capturer les anciens gouvernants et ainsi empêcher un soulèvement baasiste

3- Apporter son aide à l’Iraq Survey Group créé en Mai dirigé et par David KAY pour faire toute la lumière sur les différents programmes d’arme de destruction massive irakiens

4- Assurer le volet renseignement de l’Autorité provisoire de la coalition en Irak (CPA)

C’est d’ailleurs le 11 mai 2003 que, sur proposition insistante de Donald RUMSFELD et Dick CHENEY, le président BUSH nomme L. Paul BREMER à la tête de cette autorité.


BREMER arrive avec une lettre de mission particulièrement claire ; et la met en pratique dès les 16 et 23 mai avec les deux premiers ordres concernant la « dé-baasification » de la société et la dissolution de l’armée irakienne.

Ces ordres apparemment dictés par la frange néo-conservatrice au sein du département de la défense sont signés sans que le CoS ne soit consulté.

Dès leurs parutions SEIDEL, et GARNER -qui est encore sur place- ont beau protester dans le bureau de BREMER en arguant que ces militaires sans emploi vont être les meilleurs fantassins de la rébellion, celui-ci reste ferme en évoquant des ordres directs du Secrétaire à la défense.

En se passant ainsi de l’avis de la CIA sur ce sujet BREMER et le Pentagone invalident le quatrième objectif fixé à la station de la CIA

Charlie SEIDEL –comme il l’avait d’ailleurs toujours prévu- quitte Bagdad après 2 mois et est nommé chef de la plus importante station de la CIA dans la région, à l’époque : Amman.


A SUIVRE : AARDWOLVES et Cie

dimanche 30 septembre 2007

La dernière purge de la CIA (Partie 2)

…..à Porter J GOSS

Porter GOSS ancien officier de la CIA en Amérique latine de 1960 à 1970 et représentant républicain de Floride est confirmé par le Sénat et prend ses fonctions de directeur de la CIA le 22 septembre 2004 avec un programme de changements et de réformes. C’est un opposant résolu à TENET et à l’équipe que celui-ci a mis en place à la tête de la CIA.

Il entend bien imposer sa propre équipe et effectuer la purge officieuse souhaitée par les milieux républicains. Il arrive donc avec ses assistants parlementaires:

Patrick MURRAY ancien procureur federal qui a fait partie de l’équipe de transition BUSH CHENEY avant d’etre place comme adjoint du ministre de la Justice de BUSH est nommé chief of staff (directeur de cabinet) du directeur.
Joseph Jay JAKUB, un ancien analyste de la CIA qui a rejoint le personnel républicain de la chambre, après un passage par Oxford, est nommé conseiller du directeur pour les operations et l’analyse.
Merrell MOORHEAD est recompensé de ses 10 années au service de GOSS à la Chambre en étant nommé conseiller pour les programmes stratégiques.

Enfin en remplacement de Alvin « Buzzy » KRONGARD, directeur exécutif qui avait quitté le secteur privé en 2000 par amitié pour TENET, Porter GOSS nomme Michael V. KOSTIW , 57 ans, ancien officier de la DO de 1973 à 1981 qui a rejoint le staff de GOSS à la chambre. C'est cette dernière nomination qui mettra le feu aux poudres. Les médias apprennent rapidement (par qui ?? ) la raison de la démission de KOSTIW en 1981 : A son retour du Nigéria il avait été arreté dans un magasin de Langley alors qu’il tentait de subtiliser un paquet de bacon de $2.13. La CIA étouffera l’affaire mais le contraindra à la démission.


Dès le 4 Octobre, et sous la pression, GOSS doit se séparer de KOSTIW.

Mais l’affaire KOSTIW ne s’arrête pas la. Patrick MURRAY ulcéré et convaincu que la fuite vient de l’intérieur de la CIA convoque Mary Margaret GRAHAM chef du contre espionnage(ADDO/CI) et Jeannette MOORE responsable de la sécurité (DCI/OS/C) pour les menacer en cas de nouvelles fuites. L’équipe GOSS veut en effet nommer un directeur exécutif (Kyle Dusty FOGGO) qui a lui aussi un lourd dossier disciplinaire.

Michael J. SULICK, Le supérieur des deux femmes et adjoint direct de KAPPES aurait alors tenu des propos injurieux en présence et à l'encontre de MURRAY. KAPPES refusant de réaffecter (éloigner) SULICK à la tête de la station de New York démissionne en même temps que lui en novembre 2004. Deux jours après, John McLAUGHLIN quitte lui aussi la CIA.


Malgré la nomination rapide de Jose RODRIGUEZ en replacement de KAPPES, le choc est terrible pour la DO et c'est le signal d’une purge plus ou moins volontaire.

En décembre 2004 Jami MISCIK la directrice de l’analyse (DDI) nommée par TENET et en première ligne lors de l’affaire irakienne est chassée. Gerald MEYER chef de station au Koweït jusqu’en 2003 puis chef a Bagdad est lui aussi contraint à la démission après la publication de deux rapports -dont il est l'auteur- particulièrement sombres sur la situation de la guérilla en Irak.

En Janvier 2005 deux des « barons » de la DO, le chef de la Division Europe Tyler DRUMHELLER ancien chef à Vienne et Arthur M BROWN chef de la Division Asie ex chef en Birmanie en Corée du Sud et au Japon démissionne à leur tour écœurés de la tournure des évènements.

Un autre officier DONT LE NOM EXACT EST PUBLIE LA PREMIERE FOIS quitte la CIA à cette époque. Vétéran des opérations, parlant couramment arabe puisque né dans la région, Charlie SEIDEL premier chef de la station de Bagdad après l’invasion de 2003 puis chef en Jordanie de 2003 a 2005 quitte le service à son retour d'Amman. Fils d’un ancien chef de station à Beyrouth notamment, il avait été chargé de 2002 à 2003 des opérations transfrontalières contre l’Irak.

La division moyen Orient est la plus touché. Elle doit payer son pessimisme actif lors de la préparation de la guerre contre l’Irak. Et c’est une des raisons qui poussent Robert RICHER -ancien chef de cette division nommé ADDO par GOSS en remplacement de SULICK- a partir en septembre 2005. Il entraine avec lui Rolf MOWATT LARSSEN qui vient d’être nommé en remplacement de DRUMHELLER à la tête de la Division Europe.

En tout ce sont 12 hauts responsables (chefs de divisions, chefs de stations) de la DO qui sont contraints à la démission entre septembre 2004 et mai 2006.

Malgré le départ de Porter GOSS en mai 2006 et le retour immédiat de KAPPES en tant que directeur adjoint, puis plus récemment de SULICK, il est évident que la Direction des Opérations rebaptisé National Clandestine Service aura du mal a se remettre de cette purge. Ce sont non seulement des personnels mais un cumul d’expérience indispensable qui est parti, souvent dans le privé chez BLACKWATER, KROLL et autres.

Mais ceci fera l’objet d’un autre article...

vendredi 28 septembre 2007

La dernière purge de la CIA (Partie 1)

Il y a 3 ans jour pour jour en 2004, a l’occasion de la passation de pouvoir entre deux Director of Central Intelligence (DCI) la Central Intelligence Agency (CIA) a connu la dernière grade purge de son histoire. Celle-ci a touché toutes les grandes sous directions mais en particulier l’élément opérationnel et sa subdivision moyen orientale.

De George J. TENET …..

George TENET, assistant parlementaire démocrate spécialisé en renseignement jusqu’a 1995, a été nommé en tant que DCI par Bill CLINTON en 1997. Il a malheureusement du faire face a 3 événements majeurs de l’histoire mondiale. L’élection de George W BUSH en 2000 , le 11 septembre 2001 et la course à la guerre contre l’Irak en 2002-2003.

Si pour le premier événement il avait su prendre les devants en rebaptisant le QG de la Cia à Langley « The George BUSH Center for Intelligence » en avril 1999, les deux autres précipiteront sa chute.

Ce n’est que garce au soutien du président républicain que TENET garde son poste en septembre 2001. Sa gestion initialement victorieuse,de la réplique américaine en Afghanistan y est aussi pour beaucoup. La CIA avait alors su mobiliser le peu de talents qui lui restait au sein de sa Special Activities Division -dirigé par Rod SMITH- a cette époque. Le seul américain tué alors avait d’ailleurs été un officier de la SAD Johnny M. SPANN.

Mais c’est lorsque les premiers bruits de guerre contre l’Irak se feront entendre que la CIA entrera en quasi mutinerie contre l’administration BUSH.

La CIA est composé de fonctionnaires qui ont pour vocation a connaître le monde extérieur aux USA. Ils ont donc été moins réceptifs que leurs compatriotes aux raccourcis, demis vérités et mensonges qu’ont utilisés CHENEY, RUMSFELD, RICE et BUSH pour justifier l’intervention contre l’Irak.

Mensonges quand l’administration utilise le tuyau crevé de l’uranium du Niger. Joseph WILSON après une enquête fouillée démontre qu’il s’agit d’une manipulation. Son épouse, Valérie PLAME, fonctionnaire de la CIA. , fera les frais de cette honnêteté.

En 2002 William J. MURRAY chef de station de la CIA à PARIS apprend grâce à ses contacts réguliers à la DGSE que celle-ci a réussi a recruter le ministre des affaires étrangères irakien Naji Sabri AL HADITHI. La CIA finance le traitement de cette source et apprend ainsi que l’Irak n’a plus de programme d’arme de destruction massive. Mais ce qui pourrait être un succès de la liaison franco américaine et de la CIA est impitoyablement rejeté par l’administration BUSH comme étant de la désinformation du maitre de Bagdad.

Enfin malgré les avertissements de Tyler DRUMHELLER -chef de la division Europe- et de sa subordonnée -chef du Central Group de cette division- , malgré les doutes émis par le représentant du BND –le renseignement allemand- à Washington, l’administration inclut dans le discours de POWELL devant l’ONU les affirmations d’un transfuge irakien Curveball. Celui, arrivé en Allemagne en 1998, se présentant comme un ex ingénieur chimiste au sein du programme d'armement de Saddam HUSSEIN . Il est débriefé par le BND et leur déclare que l’Irak pour échapper aux bombes américaines a placé des usines d’armes chimiques dans des containers tirés par des camions. En 2004 après que la CIA ait ratissé l’Irak sans résultat, George BUSH sera obligé de reconnaître que ces affirmations étaient fausses.

C’est d’ailleurs à la suite de cette aveu que le président lache TENET. Le premier signe de ce lachage est le départ en Juin 2004 de James PAVITT le DO (Directeur des Opérations) depuis 1999 qui est remplacé par Stephen R. KAPPES ancien chef de station au Koweït et à Moscou. Cette démission n’enlève pas la pression des épaules de TENET qui doit démissionner a son tour en juillet 2004, son adjoint (DDCI) John Mac LAUGHLIN assurant l’intérim.

mardi 11 septembre 2007

Jose A RODRIGUEZ Jr : UN MAITRE ESPION AMERICAIN.

Le 8 août était publié officiellement pour la première fois le nom et la photo du directeur du NCS de la CIA. Puis dès le 13 août Jose RODRIGUEZ participait au Texas à une réunion sur l’immigration aux USA ou de nouveaux détails sur sa carrière a la CIA était révélé.

Ce maitre espion américain est donc natif de Puerto Rico. A sa sortie de l’Université de Floride en 1976 il rejoint La CIA ou, après un an de formation à Camp Peary il est affecté à la Western Hemisphere Division de la Direction des Opérations de la CIA. Il y fera la majeure partie de sa carrière. Cette division est, à l'époque, dirigé depuis 1975 par Richard S. SAMPSON ancien chef de station à Montevideo et Mexico.

Très peu d’informations ont filtré sur la carrière de RODRIGUEZ. Tout juste sait on qu’il a été en poste en Amérique latine et dans les caraïbes. Pourtant une dépèche de Reuters du 12/02/97 rédigé par Jim WOLF intitulée CIA spymaster loses job in drug case flap ” et citant un article du LA Times donne de précieuse infos. On y apprend qu’en novembre 1996 le chef (alors non identifié) de la Latin American Division de la CIA a été démis de ses fonctions. Il avait utilisé, un an avant, les moyens de l’agence pour apporter son aide à un ex-collègue et ami impliqué dans un trafic de cocaïne. Ils s’étaient connus alors qu’ils étaient tout les deux en poste en République Dominicaine.

RODRIGUEZ a donc servi plusieurs chefs de division tels que Nestor F. SANCHEZ (79-81), Duane R. CLARRIDGE (81-84) et Dorwin M. WILSON (84-86) responsables de la lutte anti contras au Nicaragua et au Salvador. RODRIGUEZ y a sans doute directement participé tant les ressources de cette division étaient aspirées par cet objectif.

Jay GRUNER (86-89) spécialiste de l’Europe de l’Est et Terry R. WARD (90-92) auront alors pour mission de pacifier cette division et remettre de l’ordre après le scandale du contragate . Notons que RODRIGUEZ n’est ni éclaboussé ni même cité dans cette affaire ; ce qui dénote soit une chance incroyable soit un indéniable talent pour éviter les embrouilles.

Durant cette période et étant donné sa carrière future, il a certainement dirigé au moins une station en Amérique latine. Aucune information sure n’ont permis de déterminer laquelle.

En 94 RODRIGUEZ est directeur adjoint du CNC (Crime & Narcotics Center) succédant à David N. EDGER autre vétéran de l’Amérique latine. Il y apporte sans doute sa connaissance des réseaux souterrains de la région, première pourvoyeuse de cocaïne des USA.

Il devient en 99 chef de la station de Mexico la plus importante du continent avec celle de Buenos Aires et Brasilia. Et en 2002 a son retour il succède à J. Cofer BLACK en tant que chef du CTC (Counter Terrorism Center). Il y systématise l’usage des « extraordinary renditions » contre les hiérarques du réseau Al Qaida. Ces pratiques contestables sur le plan du droit ne sont pas sans rappeler les méthodes des escadrons de la mort en Amérique latine dans les années 80.

Porter GOSS, éphémère directeur républicain de la CIA, satisfait de son travail le nomme en 2004 Directeur des Opérations en remplacement de Steve KAPPES jeté comme un malpropre pour d’obscures raisons personnelles et politiques.

Enfin en 2005 à la création du National Clandestine service il en prend la direction assisté de Michael E ENNIS et de John R. SANO chef de la station de Séoul de 99 à 2001 et ancien chef de la East Asia Division de 2004 à 2005 .

lundi 27 août 2007

Guerres de successions au sommet du MOSSAD depuis 1996


Shabtai SHAVIT

Depuis 1996 et le départ de Shabtaï SHAVIT, trois directeurs se son succédés à la tête du MOSSAD le service de renseignement et d’opérations spéciales israélien :


Danny YATOM

- De 1996 à 1998 le Général Danny YATOM qui est remplacé à la suite de plusieurs échecs opérationnels notamment en Jordanie et en Suisse.


Ephraïm HALEVY

- Jusqu’en 2002 Ephraïm HALEVY un vétéran du service de liaison du MOSSAD (TEVEL) et directeur adjoint de 1990 à 1995 remet de l’ordre au sein du service.


Meir DAGAN

- Enfin Meir DAGAN est nommé, par Ariel SHARON, en 2002.

En quittant le MOSSAD en 1996, SHAVIT laisse un service apparemment encore efficace. Bien que certaines frictions et lacunes soient apparues en 1991 lors de la guerre du Golfe, les experts s’accordent alors a considérer le MOSSAD comme le service le plus efficient du Moyen Orient sinon du monde.

En 1996 l’adjoint au directeur est une adjointe : Aliza MAGEN, première femme a atteindre ce poste au sein de la petite communauté du renseignement israélien, remplace depuis un an Ephraïm HALEVY nommé ambassadeur à Bruxelles. Mme MAGEN a notamment été affectée au poste TZOMET (Recherche opérationnelle) en RFA au début des années 80.

Yoram HESSEL

Le chef du poste TEVEL (Liaison et relations extérieures) à Washington, depuis 3 ans et pour un an encore , est Yoram HESSEL vétéran de la guerre des 6 jours au sein d’un régiment parachutiste.

Ilan MIZRAHI

Au sein de la division TZOMET Ilan MIZRAHI, responsable du contre terrorisme, vétéran des opérations à l’étranger et homme discret connu pour sa capacité d’écoute, apparaît comme un de meilleurs connaisseurs des mondes arabe et perse. Il sera nommé chef de cette division en 1997.

Uzi ARAD

Le chef de la Division Recherche (Analyse du renseignement) est Uzi ARAD l’ancien chef du poste TEVEL à Paris en 1987.


La branche KIDON (Exécutions) de la division KESARIA (Opérations spéciales) est dirigé par Hagai HADAS au service depuis 1977. Né en 1954, HADAS a été élevé dans un kibboutz. C’est un vétéran du Sayeret Matkal (l’élite des régiments parachutistes) dont il fut le commandant en second sous les ordres de Yiftach REICHER en 1975-76. En tant que membre puis chef de KIDON il a notamment participé ou organisé les disparitions brutales d’Abu JIHAD à Tunis en 1988 et de Fathi SHIKAKI à Malte en 1995.

Les restes de Fathi SHIKAKI

Enfin Yitzhak BARZILY bien que proche de la retraite est encore chef de la division NEVIOT (Cambriolages et Ecoutes).

Le général Danny YATOM -un authentique héros militaire de l’Etat hébreu surnommé « le prussien »- arrive au MOSSAD sans aucune expérience du renseignement stratégique. Il a donc tendance à s’appuyer sur son adjointe et les différents chefs de division dans la conduite des opérations et de la gestion quotidienne.

Ami du premier ministre Binyamin NETANYAHU depuis leur passage au sein du Sayeret Matkal, il ne saura pas lui dire non quand celui-ci lui ordonnera en 1997 l’exécution de Khaled MESHAL, représentant politique du HAMAS à Amman, en représailles à plusieurs attentats particulièrement meurtriers dans des bus de Tel Aviv. Le service tournant le dos à des méthodes et des procédures ayant fait leurs preuves choisit le poison et une méthode de délivrance impliquant une proximité trop grande avec l’objectif et ses gardes du corps. Le 25 septembre 1997 2 des 10 officiers KIDON affectés à cette mission sont capturés par la police jordanienne. Ils sont de plus porteurs de vrais faux passeports canadiens.

Khaled MESHAL

Les autorités d’Ottawa ne sont pas prêtes a le pardonner. Mais le pire est qu’Israël doit libérer 20 prisonniers du HAMAS dont son fondateur le Cheikh YASSINE afin de récupérer ses deux officiers par ailleurs grillés dans tout le monde arabe. Le MOSSAD est enfin obligé de livrer un antidote afin de sauver MESHAL

Commission CIECHANOVER (Yossi CIECHANOVER, Rafi PELED & Dan TOLKOWSKY)

Dans un rapport d’enquête rédigé par la commission CIECHANOVER après l’échec cuisant de cette tentative et remis au premier ministre en février 1998 le chef de division responsable de l’opération est désigné par la première lettre de son prénom H. comme Hagai HADAS.

2 mois plus tard Yehuda GIL un retraité de la division TZOMET, spécialiste de la Syrie démasqué dès 1990 par Victor OSTROVSKI dans son ouvrage «By way of deception» est arrêté et accusé de falsification de rapports et de détournement de fonds. Il s’était amusé, même après sa retraite vers 1992, à gonfler la menace posé par la Syrie en inventant une ou plusieurs sources syriennes. Ce faisant il a empoché 200.000 $ pour le traitement de cette source imaginaire. Il est généralement admis qu’un des premiers à l’avoir soupçonné est Ilan MIZRAHI.

Moshe YAALON

Notons toutefois que ce sont les différences entre les rapports de GIL et ceux des sources d’AMAN (le renseignement militaire dirigé par Moshe YAALON) et de l’unité 8200 (Renseignement électronique) qui précipiteront une enquête interne.

La dernière pelletée sur le cercueil du prussien sera, le 24 février 1998, l’annonce de la tentative ratée d’installation de dispositifs d’écoutes sur la ligne téléphonique d’un appartement au 27 de la Wabersacker-strasse à Köniz, dans la banlieue de Berne. Son propriétaire, Abdallah EL-ZEIN, suisse d’origine libanaise par ailleurs dirigeant d’un centre islamique est réputé proche du HEZBOLLAH. Si ce sont 5 israéliens qui sont arrêtés dans des conditions rocambolesques le 19 février 1998, un seul est finalement mis en cause car il est porteur de 2 passeports. « Isaac BENTAL » ou « Jacob TRACK » (les deux noms sont faux) après 2 mois de prison en Suisse est libéré contre une caution de 12M de FF.


"Isaac BENTAL" de dos puis dessiné

Notons que cette affaire provoquera la première grève de fonctionnaires du MOSSAD en juillet 2000. Ceux ci reprochant à leur hiérarchie d'avoir livré "BENTAL" aux autorités suisses pour récupérer les 12M de caution.

YATOM démissionne ce même 24 février 1998.

Le premier geste d’Ephraïm HALEVY en lui succédant est de saquer Yitzhak BARZILY qui en tant que chef de NEVIOT assume la responsabilité de ce nouveau fiasco, et de nommer à sa place Tamir FREDO lui aussi ancien membre du Sayeret Matkal et qui de ce fait a participé au raid d’Entebbe en 1976 au coté du frère de Binyamin NETANYAHU Yoni -qui y trouvera d’ailleurs la mort-.

Amiram LEVINE

Aliza MAGEN prend sa retraite et est remplacé par le Général Amiram LEVINE. Celui-ci par son expérience militaire est censé contrebalancer le peu d’expérience d’HALEVY dans ce domaine. L’objectif final étant qu’après une période décente LEVINE succède à HALEVY.

Plus étonnante dans ce contexte de scandales est, à cette époque, la nomination d’HADAS en tant que chef de la division KESARIA. Sa longue expérience dans ce domaine très particulier lui a sans doute permis de passer entre les gouttes.

Les malheurs du MOSSAD s’achèvent en novembre 1998 quand Udi HARGOV et Igal DAMARY, sont arrêtés dans le petit village de Zygi à CHYPRE. Porteurs d’appareils photos, de zooms puissants et de scanners branchés sur la fréquence de la Police, ils sont soupçonnés d’avoir voulu espionner un nouveau système de missile russe S-300 livré a l’armée chypriote.

Udi HARGOV et Igal DAMARY

Sept ans plus tôt quand 4 israéliens ont été surpris une nuit farfouillant les fils téléphoniques dans le bâtiment abritant l’ambassade d'Iran à Nicosie ils s’en étaient sortis avec une amende. Mais c'était l'ambassade d'Iran...

En 1999 Uzi ARAD quitte le MOSSAD et est remplacé à l’analyse par Ilan MIZRAHI. La division analyse est alors refondu dans TZOMET. En 2000 LEVINE déçu de la décision de Ehud BARAK de prolonger le terme d’HALEVY préfère démissionner. Ilan MIZRAHI décidément bien vu est nommé directeur adjoint à sa place. Il y cumule ces fonctions avec celle de sous directeur chargé du soutien opérationnel (HQ Directorate) et devient par la même le principal candidat en interne à la succession d’HALEVY.

En novembre 2001 HADAS quitte le MOSSAD à 48 ans pour tenter sa chance dans une société privée en Suisse (CARDGUARD).

Pourtant en 2002 il fait partie des 4 candidats les plus sérieux à la succession d’HALEVY atteint par la limite d’âge. MIZRAHI (soutenu par HALEVY, SHAVIT et MAGEN) et lui (soutenu par Moshe YAALON désormais chef d’état major) représentent la solution interne au MOSSAD. Les deux représentants des militaires étant le général Shlomo YANAI héros militaire depuis la guerre des Six jours et le général (R)Meir DAGAN proche d’Ariel SHARON.

C’est finalement cette proximité qui permettra à DAGAN d’obtenir le poste de directeur du MOSSAD en 2002. MIZRAHI mortifié quitte immédiatement le service et est remplacé par Tamir FREDO qui cumule ses fonctions avec celle de sous directeur des opérations (Operations Directorate).

L’éternel Hagai HADAS fait son retour à la demande expresse d’Ariel SHARON. Il est nommé en 2003 sous directeur chargé du soutien opérationnel (HQ Directorate) en remplacement de MIZRAHI. Après quelques années dans le privé celui-ci sera nommé directeur du National Security Council en 2006.

Le contrat passé alors par DAGAN est qu’au terme de son mandat en 2007 il aura promu 2 candidats en interne a sa succession

L’arrivée du Général DAGAN (connu pour son caractère irascible) s’accompagnent de purges encore jamais vues dans le service. On parle de 7 chefs de département ou de division « démissionnés » et du départ plus ou moins volontaire de 800 officiers. Il en va ainsi de Yoram HESSEL qui était chef du TEVEL et qui est remplacé en 2003 par un retraité de TZOMET. De même Oded AILAM chef du centre anti terroriste de 1997 à 2002 puis adjoint au opérations quitte le service en 2004. Il semble que pour remplacer ces départs DAGAN ait une préférence pour les opérationnels ou les responsables intermédiaires de l’AMAN sans doute plus proches de ses options politiques, comme par exemple le général Amnon SOFRIN chef de la Division Recherche rebaptisé Renseignement de 2005 à 2008.

En octobre 2005 Tamir FREDO est détaché au sein de l’Etat Major de TZAHAL en tant que conseiller spécial et professeur au Collège National de Sécurité. HADAS doit normalement lui succéder au poste de directeur adjoint. Mais pour des raisons inconnues Meir DAGAN lui préfère un autre candidat.

Naftali GRANOT Le chef du TZOMET nommé a ce poste par DAGAN en 2002, ancien des régiments parachutistes et de l’AMAN, devient directeur adjoint en 2005. Il paraît avoir donné satisfaction a sa hiérarchie notamment lors des efforts diplomatiques pour bloquer l’avancement des recherches nucléaires iraniennes ou encore dans la pénétration du HEZBOLLAH. Hagai HADAS démissionne donc pour la seconde fois et retourne dans le privé en tant que dirigeant d'une start up dénommée Yooga.

En Juin 2007 DAGAN et GRANOT semble s’être durement affronté. GRANOT tirant les conclusions de cette opposition démissionne. A la même époque sa fille Omer GOLDMAN refuse d'éffectuer son service militaire obligatoire et s'engage dans une lutte avec le complexe militaire israélien.

Tamir FREDO est, en catastrophe, rappelé de TZAHAL pour retrouver sa place de directeur adjoint.

Alors que le terme du mandat de DAGAN a été rallongé d’un an (Septembre 2008) la nomination de FREDO fait de lui le principal candidat en interne à la succession de DAGAN .

Tzipi LIVNI, future Premier Ministre?

Mais comme l’expérience l’a montré cette candidature interne n’est pas la garantie de réussite. Loin de la. Le futur directeur du MOSSAD doit aussi avoir des appuis politiques et le soutien du Premier Ministre en exercice. Il est a cet égard intéressant de noter que FREDO serait proche de la ministre des affaires étrangères Tzipi LIVNI éphémère fonctionnaire du MOSSAD de 1980 à 1984 et étoile montante de la politique israélienne.

L'hypothèse d'une prolongation de DAGAN bien qu'improbable n'est pas a exclure totalement.