mardi 20 novembre 2007

La station de la CIA à Bagdad depuis 2003


Le 9 avril 2003 avec la chute du régime de Saddam s’installe à Bagdad une force d’occupation. Dans ses bagages arrive dès le 21 le CPA (administration militaire provisoire) –dirigé par

le Général à la retraite Jay M. GARNER- et, pour la première fois depuis 1990, son corolaire en termes de renseignement : une implantation permanente de la CIA, une station.



A la tête de cette station est nommé Charlie SEIDEL, le fils de John J.SEIDEL (vétéran des opérations de la CIA dans la région qui a notamment été chef à Beyrouth et à Paris au début des années 80).

Parlant couramment l’arabe puisque baignant dès sa naissance dans la culture, Charlie est un officier expérimenté qui a notamment été en poste à Bahreïn au milieu des années 80, à Bagdad –déjà- juste avant la 1ère guerre du Golfe, puis chef de station au Caire au début des années 2000.

Cette connaissance profonde du monde arabe et de l’Irak le propulse en 2002 responsable des opérations de renseignements et de sabotage contre l’Irak. Il est alors basé à Bahreïn et coordonne ses actions avec le CENTCOM avant et pendant l’invasion.

C est sous sa supervision que Tom S. -un ex béret vert d’une quarantaine d’années chef de la base avancé de la CIA à Suleymanieh dans le Kurdisatn irakien- recrute puis actionne le réseau DBROCKSTARS.Composé de 87 irakiens qui ont été équipés de téléphone satellite thuraya

pour maintenir une voie de communication, ce réseau connaitra un relatif succès lors de l’invasion en désignant en quasi temps réel les cibles de bombardement à l’aviation de la coalition.


La station de la CIA s’installe dans l’enceinte ultra sécurisée de l’aéroport de Bagdad. Certains bureaux dont celui du CoS sont par ailleurs situés au sein du bâtiment de la CPA à l’intérieur de la « zone verte ». Les autorités américaines prévoyant une guerre et une opération rapide la station n’est composée que d’une quarantaine de fonctionnaires qui ont participé aux opérations précédant les hostilités. Ce sont donc en général des opérationnels et des analystes arabistes spécialisés dans les problématiques régionales.

Les objectifs de SEIDEL sont clairs :

1- Mettre fin au chaos naissant en repérant les futurs responsables politiques irakiens

2-Capturer les anciens gouvernants et ainsi empêcher un soulèvement baasiste

3- Apporter son aide à l’Iraq Survey Group créé en Mai dirigé et par David KAY pour faire toute la lumière sur les différents programmes d’arme de destruction massive irakiens

4- Assurer le volet renseignement de l’Autorité provisoire de la coalition en Irak (CPA)

C’est d’ailleurs le 11 mai 2003 que, sur proposition insistante de Donald RUMSFELD et Dick CHENEY, le président BUSH nomme L. Paul BREMER à la tête de cette autorité.


BREMER arrive avec une lettre de mission particulièrement claire ; et la met en pratique dès les 16 et 23 mai avec les deux premiers ordres concernant la « dé-baasification » de la société et la dissolution de l’armée irakienne.

Ces ordres apparemment dictés par la frange néo-conservatrice au sein du département de la défense sont signés sans que le CoS ne soit consulté.

Dès leurs parutions SEIDEL, et GARNER -qui est encore sur place- ont beau protester dans le bureau de BREMER en arguant que ces militaires sans emploi vont être les meilleurs fantassins de la rébellion, celui-ci reste ferme en évoquant des ordres directs du Secrétaire à la défense.

En se passant ainsi de l’avis de la CIA sur ce sujet BREMER et le Pentagone invalident le quatrième objectif fixé à la station de la CIA

Charlie SEIDEL –comme il l’avait d’ailleurs toujours prévu- quitte Bagdad après 2 mois et est nommé chef de la plus importante station de la CIA dans la région, à l’époque : Amman.


A SUIVRE : AARDWOLVES et Cie